A
cette époque, lorsque j’étais Coordonatrice Départementale à l’Enfance Maltraitée,
j’avais organisé une soirée débat dans un cinéma de LIEVIN. La justice, la
police, l’Education Nationale, un médecin Pédo-Psy et des travailleurs sociaux
étaient réunis pour débattre sur l’INCESTE. Le film choisi était L’OMBRE DU
DOUTE, sorti en 1992, réalisation et scénario de Aline Issermann.
Alexandrine finit par se confier : son père s'est livré à des attouchements sexuels sur elle. Gabrielle conduit l'adolescente à la gendarmerie, où on enregistre sa déposition. Ses déclarations bouleversent, non seulement son institutrice, mais aussi ses copines de classe, ses parents et ses grands-parents. Jean et Marie sont entendus par les gendarmes. Pour eux, les accusations de leur fille sont de pures divagations. Confrontée à sa mère, Alexandrine se rétracte.
Le doute subsiste cependant. Sophia, une éducatrice, est chargée du dossier. Alexandrine réitère ses propos. Marie ne sait plus qui croire. Une nuit, Jean sort de la chambre de Pierre. Alexandrine s'enfuit avec son petit frère. Alexandrine trouve en Sophia une véritable confidente. Le juge d'instruction interdit à Jean de voir sa fille pendant quelque temps. Mais il ne respecte pas l'interdiction. Comme tétanisée par la présence de son père, Alexandrine souffre d'anorexie.
C'est le grand déballage... Pour l'avocat de Jean, sa fille divague. Toute la famille, réunie par les thérapeutes, en profite pour “laver son linge sale” et vider les vieilles rancœurs accumulées depuis des années. Sophia est persuadée que l'enfant dit la vérité, ce qui agace Marie, qui aimerait tant que tout redevienne comme avant.
Au procès, un avocat défend Alexandrine. Jean finit par avouer. Il est condamné à la prison. Son épouse se voit infliger une peine avec sursis, sanctionnant sa passivité. Jean est prêt à payer, mais il supplie qu'on l'aide pour effacer les sévices que lui avait fait subir son père autrefois.
Petite
Anecdote. Le Directeur Général Adjoint m’a
fait la surprise d’être présent. Et je n’ai pas su réagir. Le cirage de pompes
s’imposait et je n’ai même pas été foutue de saluer sa présence. C’est à partir
de là que mes relations avec la Direction se sont lourdement altérées. Le processus
pour mener à quitter la Direction de l’Enfance s’est alors lourdement
enclenché. J’ai tenu deux ans dans une atmosphère très lourde puis j’ai dû
quitter mon poste.
Cette
soirée débat fut particulièrement intéressante car des travailleurs sociaux, à
la police, à la gendarmerie, à l’Education Nationale, au Procureur de la
République, chacun expliquait la difficulté à gérer ce genre de révélation, d’autant
qu’il n’est pas rare que l’enfant revienne sur ses déclarations (cédant à la
pression de la famille).
Le génie d’Aline ISSERMANN était d’avoir bâti son
histoire dans une famille bourgeoise largement connue et appréciée.
On
ne peut rester indifférent à ce film, magistralement interprété par le grand
BASHUNG.
Rien
n’est oublié dans ce film. A la fin, on découvre que M. LEBLANC a lui-même été
victime durant son enfance, par son propre père.
Cette
reproduction des maltraitances subies n’est heureusement pas une généralité, c’est
néanmoins une réalité qu’il est nécessaire d’aborder.
D’autant qu’avant, à l’époque
de l’enfance du père, on ne parlait pas de ses choses là, il existait une chape
de plomb au sein même des familles qui anéantissait l’enfant victime.
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