STOP A LA LOI DU SILENCE

vendredi 21 avril 2017

L’ABSENCE

Je ne parlerai pas des obsèques de Jean-Luc : de ce temps où tous nous devions faire bonne figure aux personnes venues lui rendre hommage au funérarium, lors de sa messe d’enterrement puis au crématorium.

Le paradoxe c’est qu’il s’agit d’un temps de recueillement où l’on se sent heureux, malgré notre peine, de lui connaître tant d’amis. J’avais ressentie le même émoi lors des funérailles de ma fille Céline où l’église trop petite n’avait pu accueillir cette foule de personnes venues nous soutenir dans l’épreuve. Je sais qu’alors, j’avais regardé le ciel et j’avais prononcé tout bas « Regarde mon enfant comme tu étais aimée ! »

Je parlerai plutôt de l’après, quand chacun repart à ses occupations, à sa vie. La maison me paraissait grande, vide, sans âme.

Dieu que j’aurai voulu savoir pleurer dans ce temps de solitude extrême où je te voyais partout, je te cherchais en vain. Qu’il fait mal ce temps où seule, envahie d’un silence ténébreux, lorsque plus un mot ne sort de votre bouche, lorsque vos yeux restent secs, vous êtes là, démunie, ne sachant que faire.

Tout le poids de l’inutilité de ma vie faisait ployer mon pauvre corps. Je m’allongeais dans la position du fœtus, en tenant fermement ton chapeau sur mon cœur.

Je ne savais plus qui j’étais ; je n’étais plus rien sans toi… Se lever, se laver étaient au dessus de mes forces. Je voulais qu’on oublie jusqu’à mon existence pour pouvoir m’endormir à jamais…L’idée obsessionnelle de te rejoindre envahissait ma vie… Bien triste mot, « ma vie » ! Pour qui, pour quoi ???

Les enfants me disaient « On est là, on a besoin de toi, tes petits enfants ont besoins de toi » mais je ne parvenais pas à me raccrocher à cette idée…Les enfants ont besoin de leurs parents, moi je n’étais qu’un substitut bien navrant.

Je relisais sans cesse les mots griffonnés par Céline dans son cahier, ultime cadeau qu’elle m’avait laissée…
Être ou ne pas être

Être ou ne pas être, c'est là la question.
Y a-t-il plus de noblesse d'âme à subir
La fronde et les flèches de la fortune outrageante,
Ou bien à s'armer contre une mer de douleurs
Et à l'arrêter par une révolte? Mourir... dormir,
Rien de plus;... et dire que par ce sommeil nous mettons fin
Aux maux du cœur et aux mille tortures naturelles
Qui sont le legs de la chair: c'est là un dénouement
Qu'on doit souhaiter avec ferveur. Mourir... dormir,
Dormir ! Peut-être rêver! Oui, là est l'embarras.
Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort,
Quand nous sommes débarrassés de l'étreinte de cette vie ?
Voilà qui doit nous arrêter. C'est cette réflexion-là
Qui nous vaut la calamité d'une si longue existence.
Qui, en effet, voudrait supporter les flagellations et les dédains du monde,
L'injure de l'oppresseur, l'humiliation de la pauvreté,
Les angoisses de l'amour méprisé, les lenteurs de la loi,
L'insolence du pouvoir, et les rebuffades
Que le mérite résigné reçoit d'hommes indignes,
S'il pouvait en être quitte avec un simple poinçon?
Qui voudrait porter ces fardeaux, grogner
Et suer sous une vie accablante,
Si la crainte de quelque chose après la mort,
De cette région inexplorée,
D'où nul voyageur ne revient, ne troublait la volonté,
Et ne nous faisait supporter les maux que nous avons
Par peur de nous lancer dans ceux que nous ne connaissons pas?
Ainsi, la conscience fait de nous tous des lâches;

HAMLET ne se posait ‘il pas les bonnes questions ? Shakespeare avait-il vu juste en présentant la mort, non comme une bête immonde mais comme la légitime option d’une vie entachée par le malheur : « Et à l'arrêter par une révolte? Mourir... dormir,
Rien de plus;... ».

Et si je portais en moi ce malheur, et si j’étais le malheur, n’allais-je pas courir le risque de contaminer ceux que j’aime. Savoir partir, ne pas être lâche face à cet au delà dont nous ne savons rien…

Une tentative avortée, trois jours d’amnésie totale…et puis les larmes de ceux qu’on ne veut surtout pas faire souffrir…et puis l’amour porté par ceux qui m’environnent…et puis toi mon amour qui me susurre « Je ne veux pas de toi maintenant, il est trop tôt, je t’ai confié une mission, tu as tant à faire encore…Tu es mon « porte-amour ». Tu dois poursuivre le chemin que je t’ai tracé et il y a tant à faire…. ».

Je suis là aujourd’hui et j’ai tant à faire, à accomplir mon devoir de mémoire, à donner encore et toujours l’amour qui vibre en moi, dans ce cœur meurtri mais vivant. Je crois en ta tendresse au-delà de la mort, je crois en l’amour qui nous a unis et qui porte en lui les semences d’une autre vie pleine de toi.
 


vendredi 7 avril 2017

CONFIANCE BAFOUEE



Il sera long le temps pour effacer le temps des plus grandes déceptions.
Dans le mot amour, il y a le mot confiance qui fonctionne en parallèle.
Pourquoi tant d’expériences de confiance bafouée ?
Qui s’accorde le droit de me juger, de me blâmer ?
Qui se croit autorisé à m’imposer son dictat ?
Qui s’accorde le droit de me déclarer redevable ?
Croit-on vraiment que je puisse me plier aux exigences effrénées ?
Croit-on que sans un mot je vais baisser la tête, puis tendre l’autre joue ?
Croit-on vraiment que je vais souffrir des bouderies infantiles ?
Le plus de son, plus d’image, n’a aucune prise sur moi…
Je ne céderai pas à ce chantage ignoble…
J’ai trop rongé mon frein, trop de souvenirs en tête…
Parfois il vaut mieux se mêler de ses propres affaires
S’immiscer dans un conflit peut avoir de redoutables effets
Faire profil bas s’apprend à qui veut être pardonné !

JE ME SUIS FAIT ROULER

Je me suis fait rouler, mon beau fils me l’a affirmé
J’ai été démarché, j’ai parlé de mon problème de portail
Portail en bois posé en 1960 que le temps a ravagé
Il ne pouvait plus supporter une saison supplémentaire
Dans ma naïveté j’ai cru ce qu’on m’a dit
« Si vous voulez payer moins cher, payez-nous en liquide »
Je veux payer moins cher, j’ai accepté ce travail au noir
Dés le lundi suivant l’entreprise venait avec un portail soit disant sur mesure
Le portail quasiment posé il manquait un espace
L’espace sera comblé par un chéneau de bois
Ai-je réclamé ? Même pas, on a bien su m’embobiner
J’ai payé sans rien dire 2300€, toutes mes économies
Femme seule, proie facile, prenez conseil
L’honnêteté ne court pas les rues, il faut en être conscient
A mon beau fils, à lui seul, je demande pardon…
Pour n’être redevable en rien, je suis vraiment prête à tout !