Ma cigarette se consume dans le cendrier
Je regarde la fumée monter vers les sommets
Volutes, l’une après l’autre, ne laissant que des cendres
Vie en suspension, aux enfers me fait descendre
Jean-Luc, je suis seule sans toi
Je me demande ce que je fais là
Comme chacun, je porte en moi ma croix
Dieu qu’elle est lourde en ces jours de doute
La grande faucheuse a fait son office tant de fois
Elle a suivi sans sourciller sa longue route
Elle m’a tout pris, je n’ai plus confiance en moi
Le tsunami du suicide de Céline m’avait brisé le cœur
Je porte toujours en moi les affres de ce grand malheur
Chaque jour Jean-Luc,
tu m’as aidé à réapprendre la vie
Tu étais ma béquille, mon écho, ma planche de survie
J’ai avancé avec toi sur une route sinueuse
Où l’Alzheimer de maman m’avait rendu peureuse
De ses crises de larmes à ses crises de démence
Mon enfant, combien de fois ai-je pensé à toi
Lorsque tu passais tes colères sur moi, je restais là
Au bout d’un temps tu revenais t’enlacer dans mes bras
Que d’amour, même dans tes crises, j’ai vécu avec toi.
Borderline tu étais et le 30 août 2005 tu as décidé
d’arrêter le temps
Le 2 mars 2011 maman s’est éteinte, venant à bout de ses
tourments
Et puis voilà que toi, Jean-Luc, ma béquille, mon amour
Tu t’es fait vampiriser, la maladie nous a pris de cours,
Le cancer était là, tu t’es soumis aux prescriptions sans
broncher,
Chaque jour de tes soins, j’étais là près de toi
Lorsqu’est venue l’annonce de la rémission, on a bien cru
gagner
Cette victoire éphémère,
l’avons trinqués deux fois
Fêter à deux puis en famille, c’était si bon de croire au
mirage
Malheureusement, la « bête » avait fait des
métastases
Tu as repris le combat mais en ton corps grondait déjà
l’orage
L’orage brisant tes forces et ta volonté, te broyait sous la douleur
Jamais tu ne t’es plain même en cette semaine
Où réunis autour de toi, tous, nous taisions notre peine
Où par moment, face au dictat des soignants, j’éclatais de fureur
Nous savions tous que nous vivions près de toi, tes derniers
instants
C’est en ce 1er mai que tu m’as quitté, ta mort
s’ajoutant à mes tourments
Vers qui me tourner désormais lorsque les affres du temps
Persécutent, au rythme des souvenirs, mon cœur dans son
isolement
Même ceux que j’adore, mes enfants, mes tout petits
Ne peuvent me faire supporter l’injustice de la vie