Dur métier d’être parents
surtout lorsque votre enfant présente des troubles du comportement
« Etre parent
est un dur métier », un métier pour lequel il n’y a pas d’école. Et quand
de surcroît notre enfant présente des difficultés, que l’on appelle cela « troubles
du comportement » ou « trouble du développement » ou
« trouble de la personnalité »... de la même façon que pour n’importe
quel handicap, aucun parent n’y est préparé.
Le regard de l’autre
Dans notre société
contemporaine, qui n’offre pas de sécurité affective, et où il ne fait pas bon
être adulte, l’environnement interne (familial) et externe (environnemental)
n’apporte pas à l’adolescent la stabilité dont il aurait tant besoin.
Or l’adolescence est
une période trouble par essence. L’adolescence est une période charnière,
coûteuse (psychiquement), car conflictuelle pour l’enfant et pour les parents.
Si l’enfant développe
alors des troubles du comportement, il déstabilise l’entourage, épuise son
environnement et provoque des réactions négatives et d’incompréhension.
En effet, les jeunes
qui présentent des troubles du comportement n’attirent pas a priori la
compassion : Ils dérangent « l’ordre des choses ». Ne sont-ils
pas mal éduqués ? Et les parents de ces enfants ne sont-ils pas un peu
responsables, quelque part ?
Mon enfant était Borderline
J’étais totalement
ignorante sur ce trouble du comportement. Pour moi, à l’adolescence, Céline
était devenue dépressive, voire même suicidaire. Ce n’est qu’après sa mort, à
la lecture des rapports médicaux la concernant que j’ai appris à comprendre
cette terrible souffrance qu’elle portait en elle.
Je la rabrouais sur
sa conduite, estimant qu’elle se mettait trop souvent en danger mais elle me
rassurait toujours en me disant: « Mais Maman, t’affoles pas! Tout le
monde fait çà maintenant. Y’a pas de risque »
Les comportements qui
font partie du champ suicidaire inconscient sont extrêmement nombreux : abus de
drogues, d’alcool, comportements antisociaux, les accidents de la route (moto),
jeux du foulard, conduites à risque…
Toutes ces conduites
représentent des modalités de fuite, de mise à distance, d’une tension interne
. Le doute et l’incertitude quant à sa propre identité amènent l’adolescent à
vivre, à se sentir exister en partant ailleurs, à rechercher de nouvelles
identifications qu’il ne peut pas rencontrer là où il vit. Mon enfant vivait
dans sa bulle, utilisant pour son « envol » des produits illicites…
J’ai évoqué mes
craintes mais mon entourage, pensant sans doute me tranquilliser, me disait.
« Ne t’en fais pas, les jeunes fument souvent un pétard de temps en temps,
ils ne sont pas drogués pour autant »
Borderline, un trouble bien méconnu
Le terme “trouble de l’attachement” ou “enfant passoire” n’est employé en
théorie que pour des enfants.
Pour les jeunes de plus de 18 ans, ce trouble s’appelle “BORDERLINE”.
Les caractéristiques
de ce trouble sont :
· Le changement
d’humeurs
L’humeur peut basculer d’un moment à un autre, et même tellement
soudainement que les personnes de l’entourage n’ont aucune idée de ce qui a pu
faire basculer cette humeur. Souvent cette inversion d’humeur est qualifiée
“d’hypersensibilité”. L’humeur peut changer du très heureux vers le
profondément malheureux ou par exemple vers une irritabilité intense.
· L’impulsivité
Les personnes “Borderline” prennent souvent leurs décisions de manière
impulsive. Sans aucune réflexion sur les conséquences, elles ont décidé par
exemple de suivre une formation qui, si peu de temps après ne plait pas, est
donc aussitôt arrêtée. L’impulsivité s’exprime souvent aussi à travers des
troubles alimentaires, le gaspillage d’argent ou une consommation démesurée de
boissons ou de drogues.
· Les perturbations d’identité :
Beaucoup de sujets Borderline ont peu de confiance en soi. Ils ne savent
pas bien ce qu’ils veulent faire de leur vie et ont une instabilité de l’image
de soi ou de la notion de soi.
· Les
sentiments chroniques de vide :
Beaucoup de personnes Borderline ont une “impression de vide”. Comme si
elles se sentaient coupées des choses.
· La
manière de penser tout blanc ou tout noir.
Le borderline voit autrui SOIT comme quelqu’un de formidable, SOIT comme
quelqu’un complètement sans valeur et il alterne ainsi entre les positions
extrêmes d’idéalisation et de dévalorisation. Pour lui, il n’a que très peu ou
aucune nuance de gris entre le noir et le blanc.
·
L’automutilation :
Parfois, les tensions montent tellement que le borderline s’abime
lui-même, et pas toujours “inconsciemment”. Parfois, l’automutilation se
produit dans des situations vécues comme une sorte d’ivresse.
· Les
phénomènes psychotiques et dissociatifs
Les personnalités borderline vivent parfois des états de courte durée. La
plupart du temps, ces psychoses sont transitoires et passent après quelques
heures. Souvent, elles se manifestent par une méfiance démesurée, le fait
d’entendre des voix, d’être dans l’embarras.
La dissociation se manifeste sous différentes formes. Le patient peut
avoir l’impression de ne plus être dans la réalité et que tout passe à coté de
lui sans qu’il y prenne part (déréalisation).
Il peut aussi avoir le sentiment de vivre dans un corps duquel il ne sent
rien (dépersonnalisation).
Il arrive aussi par exemple qu’il se rende quelque part, mais qu’il ne
sait plus comment il s’y est rendu, ou même qu’il y est allé. Ces situations
peuvent être des expériences assez angoissantes.
La dislocation est un état de conscience modifié, comme si différentes
fonctions du cerveau n’étaient plus en accord. L’entourage peut parfois
apercevoir des dissociations par le fait qu’il observe que la personne
borderline n’est plus présente en esprit ou qu’elle donne une impression
d’absence.
· La
peur de l’abandon
Beaucoup de patients borderline ont une frousse bleue de l’abandon. Ils
font l’impossible pour l’éviter
· Les
colères inappropriées.
Quelles
sont les causes de l’origine des troubles de la personnalité borderline?
Plusieurs causes sont
possibles dans la formation du trouble borderline.
L’origine du trouble est habituellement perçue comme une combinaison de
prédisposition personnelle et de circonstances (modèle biopsychosocial).
Bio venant de biologique, montre le rapport avec la prédisposition, avec
des facteurs corporels et l’hérédité. Chez la personne souffrant de troubles
borderline, l’impulsivité et l’instabilité émotionnelle sont probablement une
prédisposition personnelle.
Psycho est mis pour psychologique et est en rapport avec l’éducation,
incluant expériences et événements. Chez les personnes ayant le trouble
borderline, il a souvent été question d’une situation familiale instable et /
ou d’expériences pénibles comme la maltraitance, l’abus sexuel ou la séparation
des parents.
Par contre, toutes les personnes borderline n’ont pas connu un tel passé
et ce n’est pas non plus parce qu’une personne a vécu un tel passé qu’elle
développe des troubles borderline.
Réseau
Européen d’Etude de la Personnalité Borderline à l’Adolescence
La prévalence du trouble de la personnalité borderline est importante,
estimée à environ 2% de la population générale (aux alentours de 10% de la
population générale des adolescents) et entre 15 et 25 % de l’ensemble des
patients consultant en Psychiatrie.
Typiquement, le tableau clinique de ce trouble de la personnalité débute
à l’adolescence, et souvent de façon très bruyante : surmortalité, tentatives
de suicide itératives et graves (5% de décès par suicide avant l’âge de 30
ans), automutilations, épisodes psychotiques aigus transitoires
(dépersonnalisation, déréalisation), conduites impulsives (prises de risque,
vols, rixes, colère non contrôlée …) et addictives (prises de drogues,
alcoolisations, crises de boulimie …), masquant ainsi le reste de la
symptomatologie (expression d’une identité de soi diffuse, sentiment de vide
persistant, relations interpersonnelles violentes et chaotiques, lutte pour
éviter l’abandon, fluctuations rapides de l’humeur …).
La prise en charge de ces adolescents borderline est longue, difficile,
associe de multiples modalités thérapeutiques (prescriptions médicamenteuses,
psychothérapies, nombreuses hospitalisations en situation de crise aiguë,
séjours prolongés en établissement de soins ou de soins-études…), et reste peu
codifiée.
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