Suicide filmé en direct sur les réseaux sociaux : "Internet sert de caisse de résonance"
Lien vers l’Article : La
maltraitance entre jeunes sur les réseaux sociaux
Publié
le . Mis à jour par Recueilli par Marie-Lilas Vidal.
Après le drame de La Rochelle, Xavier Pommereau, chef de service du Pôle Aquitain de l’adolescent situé au CHU de Bordeaux, livre des clés de compréhension
Dans la nuit de vendredi 20 janvier à
samedi 21 janvier 2017, une jeune fille de 18 ans s’est immolée par le feu à La
Rochelle et s’est filmée en direct sur Facebook.
L’enquête se poursuit et son
pronostic vital est toujours engagé. Ce n’est pas une première. En mai dernier,
une femme de 19 ans s’était jetée sous un RER dans l’Essonne. Un millier de
personnes avaient assisté en direct à ce drame, qu’elle avait annoncé, sur
l’application Périscope.
Xavier POMMEREAU : Les réseaux
sociaux servent aujourd’hui de caisse de résonance. Mais on ne peut pas dire qu’il se répète de plus en plus,
ce n’est pas épidermique.
Comment l’expliquer ?
Il s’agit d’un appel à l’aide,
mais pas seulement. C’est aussi une façon de faire pression sur l’entourage, je
pense notamment au cas d’une jeune fille qui avait alerté son petit ami sur sa
page Facebook pour le faire revenir. Et enfin, de façon non consciente, c’est
une manière de se faire accompagner dans la mort, en obligeant le témoin à
subir. Souvent, ces adolescents n’ont pas conscience de ce qu’ils infligent aux
autres. En se filmant, ils vont saisir les internautes, capturer les
regards : ils
désirent inconsciemment impressionner.
Quelles
sont les conséquences pour ceux qui regardent ces vidéos ?
"Traumatisant et toxique, et
il faut retirer ces vidéos au plus vite"
C’est
très traumatisant et toxique, et il faut retirer ces vidéos au
plus vite. D’abord, car les parents sont rongés par la culpabilité. Les
familles endeuillées d’un suicide sont en grande souffrance. Puis, ce
type d’acte peut susciter une vocation et là c’est dangereux : le
nombre de vues est spectaculaire, Internet est un océan qui sert de caisse de
résonance. Et ça peut donner des idées.
Des cas de harcèlement existent désormais sur la toile. Les
réseaux sociaux sont-ils particulièrement nocifs pour les ados, souvent
fragiles ?
Nous sommes convaincus que les
réseaux sociaux peuvent aussi sauver des gens, leur venir en aide (à La Rochelle, des amis Facebook de la victime ont
alerté les secours, ndlr). Mais il faut se représenter Internet, mettre des
phares, des balises. Imposer des règles, faire respecter les lois. Il
y a vingt ans on disait : "Internet, c’est la liberté".
Aujourd’hui, on ne peut pas mettre n’importe quelle vidéo sur Internet. Et je
suis rassuré de savoir que Facebook puisse les retirer désormais.
Quant au harcèlement, il a
toujours existé mais il est amplifié par les réseaux sociaux.
Il faudrait instruire des critiques numériques chez les scolaires pour amener à
réfléchir sur l’impact de ces usages.
Ces actes participent-ils d’une
banalisation de cette violence de l’image ?
Il y a une banalisation à la
violence, c’est certain. Quand on rentre le soir chez soi on se prend dans la
tête des tas d’images… Le problème, c’est qu’il y a des images, mais
pas de récit.
Comment obtenir que nos jeunes nous parlent ???
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