Mon papa, fils unique, reprit la forge de son père
après son retour de la guerre 39/45.
Des années plus tard, sans l’assentiment
de son père, il décida de faire un garage car il était passionné par la mécanique
automobile.
Artisan de père en fils, il réussit à mener sa petite entreprise. Bien
sûr, maman faisait tourner la station service sans être déclarée (pas de
cotisation pour elle, c’était trop lourd)
Il n’y avait pas de bourses d’études pour les
enfants d’artisans. Pourtant Papa voulait pour ses quatre filles le meilleur
avenir. Pour chacune, il paya la FAC : Mathématiques pour Colette, Médecine
pour Bernadette, Histoire/Géo pour Brigitte et Droit pour moi.
Mes parents n’avaient que du mobilier de
récupération. Les choses changèrent grâce à Colette qui consacra ses premières
payes à leur installation.
En qualité de Maire d’une petite commune de moins
de 1500 habitants, il percevait un petit pécule.
Quand papa dut prendre sa retraite pour des
problèmes cardiaques, il se retrouva avec une retraite ridicule. Je n’en
connais pas le montant, je peux seulement vous donner le chiffre actuel d’une
pension d’artisan :
Le montant des
retraites pour les artisans commerçants
La pension
moyenne des artisans et des commerçants était en 2011 de 5 300 € par an (442 € par mois) répartis de la
façon suivante :
- 3 800 € par an de retraite de base ;
- 500 € par an de retraite complémentaire.
A sa mort en 1990, aucun document n’établissait les
droits de Maman. Le garage fut vendu au District d’Arras pour devenir entrepôt
d’un espace nature.
La maison de la Bocagine qu’avait prévue Papa pour sa
retraite, pensant qu’il pourrait vendre l’habitat et le garage à un garagiste,
put être louée au Commonwealth
pour les résidents anglais chargés de l’entretien des cimetières, nombreux dans
la Région.
Heureusement car à
partir de 70 ans l’assurance faite pour la Bocagine devenait caduque et il
fallut payer avec les fonds de la vente du garage.
Bref, Maman touchait la moitié de la retraite de Papa
et le loyer de la Bocagine ; moins de 800 € tout cela.
Voilà la réalité de la vie de mes parents, leur
travail acharné, sans répit pour une retraite de misère.
Quelle injustice, quelle honte !
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