Philippe
Borrel, Un monde sans fous ?
Un film-documentaire de 1h présenté en juillet 2010
En
France, la folie déborde dans les rues et dans
les prisons.
Faute d’avoir trouvé une prise
en charge adéquate dans les services d’une psychiatrie publique en crise
profonde, de moyens et de valeurs, ces malades
psychotiques chroniques se retrouvent de plus en plus exclus de la société.
La
réponse des pouvoirs publics s’est jusqu’ici focalisée sur des questions sécuritaires,
au grand dam des professionnels,
des patients
et de leurs familles,
qui s’alarment de voir désormais remise
en cause leur conception
humaniste de la psychiatrie, née il y a cinquante ans.Au moment où le gouvernement s’apprête à réformer la psychiatrie au profit d’une nouvelle politique de « santé mentale » pour tous, avec des programmes de prévention, dans les écoles, dans les entreprises, quelle place notre société réserve-t-elle encore à la folie ? En encourageant ces programmes de détection et de prévention dans les écoles ou dans les entreprises, ce projet de loi ne concernera pas les seuls malades psychiques, ou leurs familles, mais l’ensemble des Français.
Demain, on ne parlera plus de folie, mais de troubles cérébraux, plus de malaise dans la société, mais de comportements à rééduquer. Un monde sans fous ? Mais alors que deviendront-ils ?
Article de Camille
Lancelevée
1)
Les documentaires capables en une heure de faire le tour d'une question de
société sont rares, et il faut saluer le film de Philippe Borel qui réussit à
aborder de façon exhaustive la prise en charge de la maladie mentale en France.
2) Un monde sans fous interroge des
thérapeutes, des malades, des familles, des associations pour dresser un
panorama global des structures de prise en charge des personnes présentant des
troubles mentaux, de l'hôpital psychiatrique aux équipes mobiles de rue, des
centres médico-psychologiques en milieu ouvert au milieu carcéral. Un tiers des
sans-domiciles fixes souffrent aujourd'hui de pathologies mentales, alors que
la fermeture des lits à l'hôpital et la désaffection qui touche la profession
depuis les années 1970 n'ont pas été compensées par la création de lieux de
soin alternatifs. La responsabilité de la prise en charge repose trop souvent
sur les épaules des familles et associations, qui peinent à assurer un
encadrement adéquat.
3) Plus en phase avec les contraintes d'un
hôpital soumis à des contraintes gestionnaires, comportementalistes et
neuro-psychiatres s'attaquent par le moyen des méthodes cognitivistes et des
neuro-sciences aux troubles mesurés et quantifiés par une batterie de tests. Il
s'agit de réinsérer les patients au plus vite et de manière pragmatique dans le
« milieu ordinaire ».
4) « Un monde sans fous », c'est la
revendication d'une société qui se réserve le droit de trier parmi les malades
mentaux que nous sommes tous devenus, entre les bons, ceux qui pourront au prix
d'une béquille médicale se conformer à des univers professionnels de plus en
plus contraignants, et les mauvais, qu'il s'agit d'éliminer socialement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire