STOP A LA LOI DU SILENCE

lundi 8 octobre 2018

Violences psychologiques


J'ai lu cet article il y a longtemps et malheureusement le lien url ne fonctionne plus

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Alors que la famille ou la personne avec qui l’on a un lien d’amour est censée nous aimer, nous réconforter, nous protéger, il arrive, qu’au contraire, l’on soit brimé, insulté, rabaissé. La personne profite de ce lien pour en retirer du pouvoir, de l’importance à nos dépens.
Pire encore, la famille a toujours été protégée et le législateur s'interdit de s'occuper des affaires privées des personnes. D’où la porte ouverte à tous les abus 

Une attitude déstabilisante

Mais, évidemment, le piège vient de ce que cette relation est basé sur les affects : Très souvent les sentiments que l’on ressent ou le lien de dépendance qui nous lient à cette personne nous empêchent de comprendre, de prendre conscience, de réagir. Le pervers narcissique, sous des dehors souriants et une apparence aimante, arrive à détruire une personne par des paroles d’humiliation, des ambiguïtés, des mots qui tuent, des situations qui ont l’apparence de la normalité mais que l’on sent confusément illogiques sans vraiment savoir en quoi.

Son attitude est déstabilisante car il n’y a pas franchement de la méchanceté : égoïsme et excuses s’alternent, méchanceté et embrassades se suivent si bien qu’on ne sait plus. Un accès de fureur ici, un regard angélique ou surpris tout de suite après. On vous fait un cadeau tout de suite après une crasse. Si vous restez dans le dépit, vous devenez le ou la rancunière. Si vous doutez, vous êtes parano. De toutes façons vous ne comprenez pas ! vous n’avez pas d’humour, vous n’êtes pas moderne, vous avez l’esprit mal tourné ! voire vous êtes le fou.  

Que se passe-t-il en vérité ?

C’est l’ambiguïté qui vous met mal à l’aise et c’est elle qui permet à l’agresseur de nier : les choses sont toujours faites à la limite de la Loi, à la limite de l’insulte, à la limite de l’humour...Quelque chose lui permettra de s’en sortir si vous vous plaignez : on trouvera un ton gentil pour dire une crasse. Un mot d’amour dit sans amour, ou dans la même phrase deux affirmations contradictoires etc. Et puis, l’agresseur se présente toujours comme souffrant plus que vous. Ça pleure, ça se plaint, ça se lamente...ça vous vole la vedette quand vous avez envie de parler de vous.
L’agresseur dit que lui-même souffre, et souvent, oui, ce sont des gens qui ont été démolis dans leur enfance ou détruits par la jalousie mal assumée par rapport à un frère ou une sœur. Même si cette personne souffre, elle fait preuve d’un manque de respect pour sa victime. Celle-ci n’est pas appréhendée en tant que personne libre. L’agresseur tente de lui imposer sa volonté par la force ou par les larmes, par la pitié, parfois par des cadeaux inappropriés ou impossible à rendre.

Un préjugé : la fragilité de la victime

La victime n’est pas quelqu’un de fragile, contrairement à ce que l’on croit : c’est quelqu’un de généreux, qui apporte chaleur et Amour. Quelqu’un qui aime et qui a du cœur. Toutes les victimes rencontrées sont des personnes qui ont du caractère, du tonus. En un mot : de l’énergie et c’est bien de cela qu’il s’agit : elle a été choisie pour ça !
Si la victime se sent épuisée, ce n’est pas dans sa nature, c’est seulement que le pervers ou la perverse qui l’a choisie arrive à lui aspirer son énergie. La difficulté, c’est que souvent la victime croit en l’Amour, à son pouvoir transformateur, guérisseur etc. Que de déception lorsque des années après, on se rend compte qu’on a jeté des perles au pourceau ! L’autre n’a pas changé ! il est, elle est insatiable. La plupart des victimes ont pensé que le problème venait d’elles, elles ont tenté de se " soigner ", elles n’ont pas été crues, ou le psy leur a demandé de se poser des questions sur ce qui, en elles, a provoqué cette relation.
La force du pervers : un instinct très fort et troublant, certaines victimes sont effarées et il leur semble que leur agresseur a une sorte de clairvoyance démoniaque : si on tente de déjouer son attention, on a l’impression qu’il sait tout. Lorsqu’il sent que vous allez vous en aller, lorsqu’elle pressent que vous avez compris, la fureur redouble !

Le climat relationnel

Cette violence perverse finit par dégrader considérablement le climat relationnel et l’image de soi. Elle crée des conditions relationnelles déplorables qui ont des conséquences désastreuses sur la santé psychique de la victime. Car la grande stratégie du pervers, c’est que chaque fait pris isolément peut passer pour une broutille et on peut même vous reprocher une mauvaise interprétation ou d’avoir l’esprit tordu. Le plus souvent c’est l’agresseur qui se pose en victime. La santé de la victime s’altère, on peut assister à une somatisation de la souffrance psychologique (asthme, obésité, eczéma, psoriasis) même lorsqu’on est adulte.
A la longue ces attaques mettent en péril la santé physique et psychique de la victime.
Souvent, on a honte de ne pas avoir pris conscience avant. Honte aussi d’avoir fait subir cela à ses enfants. Le mécanisme de l’emprise est tel que vous ne pouviez pas faire autrement.

Le cas particulier de l’enfant

Imaginez alors la dépendance d’un enfant par rapport à son père, sa mère, un adulte proche de lui et censé lui apporter réconfort, protection, soutien pour grandir et se libérer des entraves de l’enfance.
Cet adulte sait qu’il a, face à lui, un être malléable. Il se sert de l’enfant pour ressentir du pouvoir, pour exister aux dépens de l’enfant et de son énergie. Et jamais l’agresseur ne se remet en question. L’enfant se demande toujours si ce n’est pas lui qui est la source du problème : l’autre étant tellement sûr(e) de lui ou d’elle, on finit par douter de soi ! Ce doute enlève à l’enfant victime toute identité. Comme rien ne se voit en dehors, l’adulte est tellement manipulateur qu’il passe fort bien en société, l’adulte étant adulé par l’enfant, l’enfant a la certitude, qu’il n’a pas le DROIT d’exister. Pas droit au bonheur, pas droit à l’enfance. Il n’est plus que l’OBJET de l’adulte agresseur et ne peut plus être SUJET. Cette attitude est une maltraitance grave

Conséquences graves

Même si l’on a du mal à la nommer, cette conduite abusive est une agression. Le pervers narcissique a une force incroyable car sans jamais avoir mauvaise conscience, il arrive à déstabiliser sa victime jusqu’au plus profond d’elle-même, à la limite de la vie et de la mort. Son action est inhumaine car la victime n’existe pas pour lui comme personne mais seulement en tant qu’objet à vampiriser, à rabaisser. Les victimes qui sont souvent choisies pour leur force de vie et leurs qualités, finissent, soit vampirisées, n’ayant plus aucune volonté, soit avec des idées de suicide qui les étonnent elles-mêmes. Sans s’en rendre compte, elles ont été prises dans une toile d’araignée. Leur socle s’est dérobé sous elles !

Une atteinte grave à la dignité de la personne

Ce processus a mené certaines victimes à une telle déstabilisation qu’elles ont fini par se suicider.
Selon Marie-France HIRIGOYEN, psychanalyste et psychiatre : « La violence perverse confronte la victime à sa faille, aux traumas oubliés de son enfance. Elle vient exciter la pulsion de mort qui est en germe chez chaque individu. Les pervers cherchent chez l’autre le germe d’autodestruction qu’il suffit ensuite d’activer par une communication déstabilisante. La relation avec les pervers narcissiques fonctionne comme un miroir négatif. La bonne image de soi est transformée en non-amour. »

Aucun soutien de la part de l’entourage

Autour de soi pas de soutien car le pervers passe toujours pour quelqu’un de formidable. Evidemment ! Ne vous en désolez pas : puisque son arme, c’est la séduction. Ne tentez pas de convaincre vos amis ou les gens de votre famille. C’est inutile. Plus vous tenterez et plus vous heurterez leur logique et crisperez leur refus ! Eliminer les faux amis. N’essayez pas de convaincre ceux qui ne vous croient pas. Le pervers narcissique sera toujours plus fort que vous dans l’adversité.
Les personnes que vous aimez vous décevront : il faut comprendre que la séduction est forte, et qu’il leur faut un effort pour accepter l’idée qu’elles ont été bernées.

Comment en parler ?

Le harcèlement des pervers narcissiques est une agression particulière dans la mesure où en général il n’existe aucune preuve de cette agression. Il est très difficile pour la victime d’un pervers narcissique de recourir à la justice et face à certains intervenants (pédiatre, médecin, psychologue, assistante sociale, éducateur, et même psychiatre), rares sont ceux qui vous secourent.
Si l’interlocuteur n’a pas connu l’expérience ou s’il n’a pas une grande ouverture d’esprit et d’écoute humaine, la victime n’est pas crue.
Et il est déjà tellement difficile sinon impossible d’expliquer ce qui se passe tant la situation est complexe. En vérité, lorsqu’on cherche à expliquer, on se trouve ridicule parce que les faits semblent anodins.
Cela vient de la perversion de l’agresseur : aucune remise en question de l’agresseur d’une part d’où son pouvoir de conviction et de manipulation, par contre, sentiment de culpabilité et malaise de la victime, lorsque la victime ne se retrouve pas elle-même accusée publiquement ou juridiquement. Il faut en parler aux gens qui l’ont vécu, aux professionnels qui vous croient, aux associations qui connaissent le phénomène.

Auteur : Jeanne HILLION victimologue
Enseignante, Assistante Sociale diplômée d’état (Diplômée d'ETAT PARIS, 1985), titulaire du diplôme universitaire de criminologie agressologie victimologie de l'université de Bobigny, UFR Santé Médecine Biologie Humaine, formée et diplômée en victimologie appliquée à l'institut belge de victimologie (BRUXELLES), praticienne en victimologie appliquée

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