Céline, ma fille, était le souffre douleur de son
père, j’ai toujours pu faire en sorte qu’il ne la frappe pas, mais c’était par
les mots qu’il l’atteignait depuis toute petite. Il se mettait en colère contre
elle pour un oui, pour un non. Il la rabaissait sans cesse; la traitant de
fainéante, de sale gosse, de nulle…
Céline aimait son père et n’avait de cesse
d’attirer son attention, malheureusement c’était toujours maladroit. Tout se
transformait automatiquement en bêtises qui avaient pour effet de déclencher de
grosses colères chez Gérard et j’étais toujours obligée de m’interposer pour
protéger ma fille.
Cela donnait le temps à Céline de s’enfuir ou
dans sa cachette de la salle de bain ou chez mamie.
Quels épisodes malheureux puis-je vous
conter ? Il y en eut tant.
Céline avait deux mains gauches, c’était une
miss catastrophe. L’un de ses premiers méfaits bien involontaire fut de faire
tomber l’appareil photo que nous avions acheté à la naissance de Laurent. La
violence de la réaction de Gérard fut disproportionnée et je n’eus d’autre
solution que de m’enfuir avec mon enfant pour la protéger.
Il y eut aussi une autre maladresse. Laurent
avait une télé dans sa chambre qui reposait sur une table bancale. En jouant,
il arriva ce qui malheureusement devait arriver, la table s’effondra avec la
télé dessus. Je ne me souviens plus si la télé s’est retrouvée cassée à l’issue
de cet accident. Ce dont je me souviens c’est de cette colère une nouvelle fois
incontrôlable de Gérard envers sa fille. Je la protégeais encore.
Etais-je trop laxiste, je ne crois pas. Car
lorsqu’elle faisait des bêtises je la grondais et lui faisais comprendre
qu’elle avait fait mal. Mais à mon sens, une correction physique ne
solutionnerait pas ses maladresses. Il fallait qu’elle prenne conscience par
les mots de la nuance entre le bien et le mal. Je la faisais réfléchir et lui
imposais des punitions compréhensibles pour son âge.
Il y eut cet accident à vélo dont elle fut
victime. Elle revenait de chez pépère et mémère, il y avait une intersection et
elle ne contrôla pas sa droite. Un véhicule l’accrocha. Si cet homme avait roulé
vite, elle aurait pu mourir. Ouf, elle s’en sortait avec des égratignures sur
tout le coté droit. Son corps était tombé sur le bitume et avait ripé sur
quelques mètres. Le brave conducteur, qui avait eu si peur, ramena Céline à la
maison avec son vélo.
Après nos remerciements à cet homme qui avait
assuré son retour à la maison, dès que la porte fut refermée, Gérard, en
colère, commença à hurler sur sa fille pourtant déjà terrorisée par l’accident
en la traitant d’incapable, d’abrutie…
Je m’interposais, comme je le faisais à
chaque fois et j’emmenais Céline dans sa chambre pour la cajoler et pour la soigner. L’autre continuait à beugler.
Céline tremblait de tout son corps. Elle était en pleurs. Je l’ai prise dans
mes bras et je l’ai bercée longuement en lui caressant les cheveux pour qu’elle
se calme. Seulement après, j’ai pu nettoyer ses blessures…
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