N’avoir pour seul horizon que les pièces de sa maison…
Je crois qu’on apprend ce que veut dire vieillir, quand
on se retrouve seul. J’ai perdu mon mari, j’ai perdu mon âme sœur.
Au-delà des deuils, au-delà de cette vie si dure…Même
fracassés par les vagues sans pitié de nos vies d’infortune, nous étions deux à
combattre les écueils d’un destin jalonné de sueur, d’appréhension, de doutes,
de pleurs…
Nous étions deux à avancer, l’un étant la béquille de l’autre, et
vice-versa, et nous faisions face à « la sinistrose » ambiante…
Puisant dans nos regards, puisant dans notre amour la
force de vivre, malgré tout, des petits temps de bonheur et de rire.
Avec toi,
le mot « vacance » avait une signification, avec toi le mot « détente »
avait une signification. Avec toi, le mot « discussion », le mot « échange »
avait une signification.
Après ton départ, les rires se sont éteints. Dans l’épuisant
silence d’une vie de solitude, je n’ai plus envie de rien…
Je passe des heures à
regarder des photos, je me replonge dans des passés heureux. Tu n’es plus là et
pourtant, si je vis, c’est avec toi, par la force de nos souvenirs…
Je crois bien que c’est là que commence la vieillesse !
Tous ces jours qui se ressemblent tant, tous ces silences envahissants qui me
font rejeter le présent…
J’ai 60 ans et je
suis vieille maintenant. La vieillesse n’est pas une question d’âge, la
vieillesse est une question d’inutilité de la vie.
Avec mon petit chien, qui lui aussi vieillit dangereusement,
me faisant redouter le moment où lui aussi me quittera, j’avance à petits pas
dans les affres de l’oubli. Seule et soumise, face aux épreuves d’un téléphone
muet, d’une porte fermée…
Dieu, mes amis de proximité, ma voisine, ma Marjo, mon
Annabelle, vous m’êtes tous si précieux quand le doute remplit mon âme.
Lorsque
je m’enfonce dans la nuit, redoutant un malaise, une chute…Redoutant la
faucheuse qui viendrait m’enlever, sans possibilité d’alerter les secours,
laissant mon corps pourrir dans l’oubli…
Vous êtes là mes amis, veillant silencieusement sur moi,
prêts à intervenir si les volets du matin ne s’ouvraient pas…
Et surtout toi, Annabelle, vivant avec moi lorsque la
scolarité est active et que ton métier de prof t’absorbe jusqu’à très tard. J’aime
ta compagnie ma douce…Grâce à toi, la vie reprend ses droits dans cette maison
de solitude…La vieillesse attendra…
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