Qui peut
parler du harcèlement mieux que Jean-Luc ?
Hénin
Beaumont 2001, Gérard Dalongeville accède au pouvoir.
Il devient Maire de la
ville et succède à son mentor Pierre Darchicourt dont il fut le Directeur de
Cabinet. Viré de la ville pour malversations, il rentrera par la grande porte
après une campagne avilissante pour l’ancien Maire, trainé dans la boue.
Jean-Luc
CANDELIER, Directeur des Services Techniques sous les deux anciennes
mandatures, homme estimé pour la qualité de son travail, son management
efficace, sa perspicacité, sa loyauté, va voir le nouveau Maire pour lui
demander s’il maintient son détachement ou s’il préfère qu’il retourne en DDE,
puisqu’il est agent de l’Etat.
Dalongeville
lui demande de rester et décide de nommer son épouse Directrice de Cabinet.
Son plan est
machiavélique : mettre Claudette au sommet et faire harceler Jean-Luc
jusqu’à épuisement, ou plus…
Le travail de sape va commencer, il nomme Jean-Luc
Directeur Général des Services Techniques, en apparence c’est une promotion. La
réalité est plus sombre, son bureau est placé en Mairie avec les membres de la
Direction Générale. Il n’a plus accès au travail de ses hommes.
En nommant
un nouveau Directeur Technique, il fait de Jean-Luc une marionnette qu’il
prendra et jettera selon son bon vouloir.
Viennent ensuite les manœuvres de
délation. Le Maire demande des rapports à Jean-Luc et les lui renvoie avec des
mots cinglants, disant que son travail est nul, ni fait, ni à faire. Il est traité
d’incapable, d’abruti et j’en passe encore.
Son bureau
se vide. Il n’aura bientôt plus le droit de contacter les services, d’utiliser
le téléphone.
Le mépris,
les humiliations, de préférence en public, pleuvent… Jean-Luc tombe malade,
fait une dépression qui nécessitera son hospitalisation durant des semaines.
A mon
arrivée en Mairie, j’assiste au douloureux spectacle d’une mise à mort en
réunion de bureau du Conseil Municipal qui s’achèvera par des menaces d’exclusion.
Nul autour de la table ne dit mot. Jean-Luc prend des « xanax » à
tour de bras… je suis nouvelle, je ne comprends rien à ce qui se passe, où
suis-je donc arrivée ?
Peut-être
est-ce de le voir si malheureux, si anéanti, qu’amicalement nous nous mettrons
à échanger nos points de vue. Il m’apprendra beaucoup sur cette ville qu’il
connait depuis son enfance.
Je me dois d’avouer
que par deux fois il essaiera de mettre fin à ses jours.
Oui on peut mourir par
le travail.
Il a perdu toute estime de lui, il commencera à boire lui qui ne
buvait jamais. Il passera ses soirées seul, s’alcoolisant puis dormant à l’hôtel.
Le couple Candelier ne se voit plus, Claudette fait chambre à part et s’il
arrive qu’ils se croisent, c’est entre deux portes : l’une esclave d’un
travail colossal, l’autre éjecté comme un rebut de la société.
Il faut
aussi savoir que Jean-Luc est harcelé de jour comme de nuit par cet outil
aliénant qu’est le téléphone portable professionnel.
Quelques
années plus tard, ce sera au tour de Claudette d’être placardisée. Après avoir
donné sans compter son temps et son savoir, un jour, elle aura la surprise d’être
dessaisie de tous ces dossiers, d’être dans un bureau, seule avec son
ordinateur et plus rien à faire.
Que dire de
telles pratiques qui déshumanisent la victime, la conduisant à douter de ses
propres capacités, l'orientant vers l'auto destruction…
Ses enfants sont persuadés que c’est
à partir de là qu’elle déclarera un cancer…
Bien sûr, médicalement, rien ne
pourra jamais confirmer cette thèse.
Claudette
décédera le 26 février 2009 dans 49ème année.
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