STOP A LA LOI DU SILENCE

samedi 28 janvier 2017

LA SOUFFRANCE AU TRAVAIL



Qui peut parler du harcèlement mieux que Jean-Luc ?

 


Hénin Beaumont 2001, Gérard Dalongeville accède au pouvoir. 

Il devient Maire de la ville et succède à son mentor Pierre Darchicourt dont il fut le Directeur de Cabinet. Viré de la ville pour malversations, il rentrera par la grande porte après une campagne avilissante pour l’ancien Maire, trainé dans la boue.

Jean-Luc CANDELIER, Directeur des Services Techniques sous les deux anciennes mandatures, homme estimé pour la qualité de son travail, son management efficace, sa perspicacité, sa loyauté, va voir le nouveau Maire pour lui demander s’il maintient son détachement ou s’il préfère qu’il retourne en DDE, puisqu’il est agent de l’Etat. 

Dalongeville lui demande de rester et décide de nommer son épouse Directrice de Cabinet.

Son plan est machiavélique : mettre Claudette au sommet et faire harceler Jean-Luc jusqu’à épuisement, ou plus…

Le travail de sape va commencer, il nomme Jean-Luc Directeur Général des Services Techniques, en apparence c’est une promotion. La réalité est plus sombre, son bureau est placé en Mairie avec les membres de la Direction Générale. Il n’a plus accès au travail de ses hommes.

En nommant un nouveau Directeur Technique, il fait de Jean-Luc une marionnette qu’il prendra et jettera selon son bon vouloir. 

Viennent ensuite les manœuvres de délation. Le Maire demande des rapports à Jean-Luc et les lui renvoie avec des mots cinglants, disant que son travail est nul, ni fait, ni à faire. Il est traité d’incapable, d’abruti et j’en passe encore.

Son bureau se vide. Il n’aura bientôt plus le droit de contacter les services, d’utiliser le téléphone.

Le mépris, les humiliations, de préférence en public, pleuvent… Jean-Luc tombe malade, fait une dépression qui nécessitera son hospitalisation durant des semaines.

A mon arrivée en Mairie, j’assiste au douloureux spectacle d’une mise à mort en réunion de bureau du Conseil Municipal qui s’achèvera par des menaces d’exclusion. Nul autour de la table ne dit mot. Jean-Luc prend des « xanax » à tour de bras… je suis nouvelle, je ne comprends rien à ce qui se passe, où suis-je donc arrivée ?

Peut-être est-ce de le voir si malheureux, si anéanti, qu’amicalement nous nous mettrons à échanger nos points de vue. Il m’apprendra beaucoup sur cette ville qu’il connait depuis son enfance.

Je me dois d’avouer que par deux fois il essaiera de mettre fin à ses jours.

Oui on peut mourir par le travail. 

Il a perdu toute estime de lui, il commencera à boire lui qui ne buvait jamais. Il passera ses soirées seul, s’alcoolisant puis dormant à l’hôtel. 

Le couple Candelier ne se voit plus, Claudette fait chambre à part et s’il arrive qu’ils se croisent, c’est entre deux portes : l’une esclave d’un travail colossal, l’autre éjecté comme un rebut de la société.

Il faut aussi savoir que Jean-Luc est harcelé de jour comme de nuit par cet outil aliénant qu’est le téléphone portable professionnel.


Quelques années plus tard, ce sera au tour de Claudette d’être placardisée. Après avoir donné sans compter son temps et son savoir, un jour, elle aura la surprise d’être dessaisie de tous ces dossiers, d’être dans un bureau, seule avec son ordinateur et plus rien à faire.


Que dire de telles pratiques qui déshumanisent la victime, la conduisant à douter de ses propres capacités, l'orientant vers l'auto destruction…

Ses enfants sont persuadés que c’est à partir de là qu’elle déclarera un cancer… 

Bien sûr, médicalement, rien ne pourra jamais confirmer cette thèse.   

Claudette décédera le 26 février 2009 dans 49ème année.

 

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