STOP A LA LOI DU SILENCE

lundi 18 juin 2018

ENGIE. Compteur Lindky. Facturation sur consommation surestimée.

ce jour 26 juin 2018

AVIS DE LA COUR DES COMPTES février 2018.
Programme Linky, mis en œuvre par Enedis (ex-ERDF, filiale à 100 % d’EDF) qui gère 95 % du parc de compteurs basse tension, et des programmes de compteurs communicantsdes autres distributeurs. Cette modernisation nécessite le remplacement de l’ensemble des compteurs électriques et représente un investissement total de près de 5,7 Md€ en euros courants.

Compteurs Linky, coûteux, intrusifs, incompréhensibles

Daniel Roucous Lundi, 12 Février, 2018 Humanite.fr

C'est ce qui ressort du rapport de la Cour des comptes dont nous publions les cinq points critiques sur les compteurs Linky suivis de cinq questions que se posent de plus en plus d'élus et consommateurs.

Les 5 points critiques du rapport de la Cour des comptes

1.- dispositif coûteux pour les consommateurs, soit  « 5,7 milliards d’euros » qui seront récupérés par Enedis sur les factures… à partir de 2021. Chaque consommateur devra ainsi rembourser entre 130 et 240 euros (coût prévisionnel).

2.- risque de durée de vie des compteurs Linky inférieure à 20 ans.

3.- le programme Linky « privilégie la satisfaction des besoins du distributeur (ENEDIS) mais… les préoccupations du consommateur d’électricité (protection des données personnelles, sécurité informatique, questions sanitaires autour des ondes électromagnétiques, droit de la consommation, maîtrise de la demande d’énergie) ne semblent pas être au cœur du dispositif ».

4.-  l’importance de l’information du public sur la question sanitaire du fait des techniques de télécommunication mises en œuvre et en matière de protection de la vie privée « n’a pas été suffisamment prise en compte. »

5.- les compteurs Linky permettent aux consommateurs de suivre leur consommation personnelle et maîtriser leurs économies. Sauf que c’est compliqué car le compteur lui-même fournit peu d’information et Enedis non plus. Pour cela il existe la facture qui doit être détaillée mais n’est délivrée que tous les 6 mois. Il existe encore l’afficheur porté, gratuit pour les consommateurs en situation de précarité énergétique, facturé pour les autres (son financement se fait par la CSPE – contribution au service public de l’électricité qui ne cesse d’augmenter et d’alourdir les factures). Il existe enfin Internet qui permet de consulter son propre compte. Cependant la Cour des comptes relève qu’actuellement « le taux d’ouverture de compte par les usagers disposant d’un compteur Linky est peu élevé (1,5%). »

lundi 11 juin 2018

Viol conjugal: l'ultime tabou !


"Mais c’est votre mari, madame !" : le viol conjugal, l'ultime tabou ?
 Par Marie Campidtron Publié sur L’OBS le 27/12/2017  

J’ai repris certains extraits de cet article (pas forcément dans l’ordre d’ailleurs) pour démontrer que si la loi pénale intervient, la complexité de la situation de la femme dans le couple ne fait en réalité pas modifier les fonctionnements de certains hommes qui obtiennent la servilité de leur femme en les faisant vivre sous la terreur

Un devoir conjugal
Sonia Pino, psychologue et cofondatrice de l’association Elle’s imagine’nt, voit régulièrement passer dans son cabinet des femmes ayant subi un viol de la part de leur compagnon. Pour autant, "c'est rarement le motif de consultation", remarque-t-elle. 
Ces femmes ne vont pas l’aborder d’elles-mêmes. Le mot 'viol' est parfois même trop fort. "Quand on les interroge, on va d’abord parler de 'relation contrainte' pour qu’elles se libèrent et prennent conscience de la réalité".Encore une fois, la première difficulté est d’identifier cette violence qui "s’entremêle souvent avec les violences physiques et verbales". Autre constat relevé par la spécialiste lors de ces séances, la notion encore très ancrée de "devoir conjugal" :"Certaines femmes vont penser que, puisqu’elles sont mariées, elles ont le devoir de coucher avec leur mari"·      
 
   Une circonstance aggravante depuis 2006 
Jusqu’alors prévalait l’idée moyenâgeuse d’un consentement qui va de soi entre les époux. 
Etre marié supposait aux yeux de la loi de pouvoir disposer du corps de l’autre, sans tenir compte de son désir, ni de son refus. 
Depuis, bien sûr, les mentalités, tout comme la loi ont évolué. 
En 2006, le viol commis dans le cadre du mariage ou du concubinage est reconnu comme une "circonstance aggravante". 
En clair, la personne risque jusqu'à 20 ans de prison, au lieu de 15, lorsqu'elle a violé son conjoint.
Pour autant, les plaintes ne se bousculent pas.
·        « Vous n’allez pas envoyer le père de vos enfants en prison ! »
Porter l’affaire devant la justice peut en décourager plus d’une. Lors du dépôt de plainte, il faut déjà se confronter au regard de la police, rappelle Emmanuelle Piet, gynécologue et présidente du Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV) :
"Ça dépend sur qui vous pouvez tomber. Si l’agent pense que c’est rien, bah voilà c’est fini, vous pouvez rentrer chez vous !"
Dans certains cas, les victimes ont le malheur de se frotter à un discours culpabilisant de la part de certains policiers, ajoute Emmanuelle Piet : 
"Lors de leur audition, elles s'entendent parfois répondre : 'Mais c’est votre mari, madame quand même ! Vous n'allez pas envoyer le père de vos enfants 10 ans en prison!'"
·        Plus de devoir conjugal qui tienne, donc.
Les textes se veulent plus précis dans leur définition du viol. La loi le décrit comme un acte de pénétration sexuelle commise sur une personne par violence, contrainte, menace ou surprise...

La notion de devoir conjugal reste fortement ancrée dans notre société.

Céder face à l’insistance prolongée d’un conjoint relève-t-il toujours du consentement ? « Céder' pourrait constituer au maximum une contrainte morale, mais il faudrait pouvoir prouver qu'il y avait eu un ascendant sur l'autre ou une menace ». Mais 'céder', 'consentir' est-il forcément synonyme de désir ?

Reste aussi que le conjoint à l'origine de cette violence sexuelle n'a pas toujours conscience de commettre un acte répréhensible, souligne la psychologue Sonia Pino, même si cela est rare :

"Je pense que certains hommes n’ont tout simplement pas conscience de cette forme de violence dont ils peuvent faire preuve. Ils pensent qu’ils sont dans leur bon droit".

dimanche 10 juin 2018

VIOL CONJUGAL


Je ne lis pas la presse à sensation. Je me fous éperdument des histoires « people » qui font les gros titres des journaux. Et pourtant, aujourd’hui, je me suis arrêtée sur cet article 



Moi je suis une petite vieille de 61 ans. Mariée à 20 ans, j’ai connu quelques belles années de couple… Et puis je suis entrée en enfer, petit à petit, sans rien comprendre à ce qui m’arrivait.

Mon « psy » me dira bien plus tard, après avoir lu son courrier, que mon ex-mari, G, était un pervers narcissique. Il ne trouvait son plaisir qu’en m’humiliant, si possible devant témoin.

Dans sa jalousie maladive, il y avait des phases où il me rappelait violemment que j’étais sa femme, sa chose, à son service.

Lorsqu’il buvait, il s’en prenait physiquement à moi et je supportais sans oser bouger. Il me prenait, tirait son coup vite fait et s’endormait bruyamment. 

C’est quand les ronflements devenaient bien audibles que je me levais. J’allais aussitôt vomir dans la salle de bain et je me lavais sans parvenir à retirer la salissure incrustée en moi.

En ce temps là, le viol conjugal n’existait pas. Je serais allée vers les flics ou les gendarmes : on m’aurait ri au nez, en faisant des blagues salasses, on m’aurait méprisé, on m’aurait humilié…

« Rappelle toi ma fille, le mariage, c’est pour le meilleur et pour le pire »

Oui, moi aussi j’ai été suicidaire ma Céline et seul le divorce m’a sauvé, après 24 années d’union. Je peux comprendre que la vie soit parfois un cauchemar sous la chape de plomb imposée par la bienséance d’une famille très « catho ».

mercredi 6 juin 2018

Les derniers jours de mon enfant


Céline et moi rencontrions le Docteur C, psychiatre de la clinique le 20 juillet 2005. Il eut la gentillesse de m’accepter à l’entretien. Il ne donna pas de diagnostic mais accepta la prise en charge de mon enfant à compter du 27 juillet. Il fallait que je veille à ce que Céline ne change pas d’avis durant cette semaine d’attente. Elle essaya bien sûr mais je maintenais fermement le cap.
Le 27 juillet aura lieu la visite d’admission. Cette fois le Docteur C. reçoit ma fille seule.
Ma fille lui déclare qu’elle a du mal à parler lorsque je ne suis pas là et le docteur de noter la relation fusionnelle qui nous unit.
Motif de l’entrée : cannabisme, dysthymie (trouble de la régulation de l’humeur) abandonnisme (Céline vit dans la crainte d’être abandonnée)
Diagnostic : Borderline
Le 29/07 : le personnel soignant note « mère très présente » « envie de fumer du cannabis »
J’appelle ma fille chaque jour et je viens la voir aussi souvent que je peux.
Dés le 30/07 Céline s’adapte à la clinique
Le 1er août sera réalisé un travail sur sa relation avec moi. (elle dit qu’elle me met la pression) et avec Jean-luc « je sais qu’il pense à moi » « je reconnais que c’est quelqu’un de bien » « j’étais le plus grand amour de ma mère avant Jean-Luc »
Le 03/08 Céline est en groupe d’affirmation de soi « j’apprends à dire non aux joints ». Céline est décrite comme une patiente volubile.
Le 04/08 sera le jour de l’intervention de Yann Psychologue « grand sentiment de lassitude » « peur de l’avenir » « peu de souvenir d’enfance » travail sur l’image de soi
Le personnel soignant note à propos du sevrage que Céline se sent « mise à l’abris à la clinique par rapport au cannabis, cependant elle craquerait à l’extérieur »
Le 06/08 elle parle de son enfance difficile et de l’indifférence de son père. Elle déclare au personnel soignant qu’elle a peur que « les gens lui fassent du mal donc elle essaie de se brouiller avec tout le monde »
Le 10/08 Céline est décrite comme téléphile (personne qui aime la télévision), clinophile (le fait de rester au lit, la journée, allongé, pendant des heures, tout en étant éveillé et agorafobe (peur des lieux publics, des espaces ouverts).
Le 12/08, le psychologue déclare « Melle Fabre apparaît en recherche de valorisation narcissique dans le regard des autres » « très faible estime de soi » « conflit douloureux entre la petite fille et l’adulte »
Sur l’abandonnisme, le personnel soignant note ce jour Céline en a marre d’être toujours rejetée.
Le 14/08, Céline se demande si elle a fait des progrès. Le Docteur C. répond qu’elle reste fragile.
Le 15 et 16/08, Céline a un avertissement car elle a pratiqué le rêve indien sur une autre patiente (apnée+blocage de la carotide jusqu’à la syncope et on se réveille. Céline reconnaît être l’instigatrice du jeu. Elle est surprise des conséquences.
Laurent m’apprendra plus tard qu’il connaissait cette pratique. C’était un jeu fréquemment pratiqué en cour de récréation au Collège Marie-Curie d’Arras.
Lorsqu’elle avait une autorisation de sortie, elle se sentait mal à l’aise. Nous allions manger à flunch mais le monde lui faisait peur. Nous allions prendre un café, elle se sentait traumatisée par la présence de gens dans le café qui venaient pourtant gentiment lui demander si elle se sentait mieux. Très vite, elle me demandait à retourner à l’Escrebieux.
Le 19/08, le psychologue écrit « la nécessité de développer dans une démarche progressive et accompagnée un travail d’autonomisation psychologique.
Le médecin demande à Céline de choisir entre une prolongation d’hospitalisation ou des hospitalisations séquentielles.
Le 20/08 Céline accepte de rester trois semaines de plus. Il y eut un changement de chambre cet après midi là.
Le 21/08 le personnel soignant constate le manque d’hygiène de Céline (odeurs nauséabonde et désordre dans la chambre. Le Docteur lui intime l’ordre de ranger sa chambre et d’aérer.
Le personnel soignant note dans la soirée du 22 au 23/08 que Céline s’est énervée lors du recadrage de sa copine Bertille. Elle a été impolie vis-à-vis du personnel et agressive. Elle s’est ensuite excusée.
Le Docteur N. rapporte lui que Céline hurlait dans la clinique pour défendre Bertille qui était menacée d’expulsion. Céline lui a même fait du « chantage au suicide ».
Le mercredi 23 août, j’appelais l’Escrebieux pour avoir un rendez vous avec le Docteur C. C’est d’une voix très dure qu’il me reçut, nul besoin de rendez-vous. Je devais venir chercher ma fille immédiatement, elle était renvoyée.
J’expliquais au Docteur que j’avais un rendez-vous médical le matin. Je fus autorisée à la reprendre en début d’après midi.
J’étais interloquée. Que s’était-il passé pour que le Docteur C. soit dans une telle colère ? Pourquoi refusait-il de me voir ? Je n’avais pas reconnu l’homme que j’avais rencontré le 20 juillet.
L’après-midi, c’est avec Jean-Luc que nous sommes venus chercher Céline. J’étais en larme, je voulais comprendre. Jean-Luc exigeais de rencontrer quelqu’un. C’est la directrice qui nous reçut, accompagnée d’un psychologue. Nous voulions des explications, nous n’en avons reçues que très peu. Apparemment sa copine Bertille devait être sanctionnée et Céline avait pris partie vertement en sa faveur. Elle avait été très incorrecte avec le Docteur Normand.
Je ne comprenais pas ! Ma fille méritait une sanction, sans nul doute mais pourquoi un renvoi ?
La Directrice accusa Céline d’avoir craché dans l’ascenseur ce que nia complètement Céline, qui pleurait, elle aussi.
La conclusion de la Directrice fut de nous dire : Le corps médical a pris sa décision et je ne peux que l’appliquer. Jean-Luc et moi avons eu la même conclusion : « Nous voulons voir le docteur Catteau ou à défaut un autre médecin ». Fermement la Directrice nous affirma que c’était impossible et nous mit poliment dehors.
Céline est partie sans médicament et sans ordonnance. Notre médecin le Docteur Broutin recevra après la mort de Céline cette lettre datée du 23 août et signée du Docteur C :
« Cher confrère,
Votre patiente Mademoiselle Céline FABRE, 21 ans, a été hospitalisée à la clinique du 27/07/2005 au 23/08/2005 pour prise en charge d’une dysthymie associée à une dépendance au canabis.
La personnalité de cette jeune patiente est typiquement borderline avec la non maîtrise de l’impulsivité, l’abandonnisme, le fonctionnement par clivage, le recours aux toxiques et la propension dépressive.
Un début d’abord psychothérapique a été proposé lequel devrait être poursuivi au CMP d’Avion.
Le sevrage cannabique a été réalisé sans difficulté.
Malheureusement la patiente a été priée de regagner son domicile en raison d’impulsions caractérielles non maîtrisées.
Nous vous proposons de poursuivre :
-         ZOLOFT 50 : 1 matin et soir
Formule de politesse… »

Comment est-il possible d’expliquer qu’un médecin, connaissant les troubles graves de Céline puisse décider de la renvoyer sans alternative sérieuse à sa prise en charge en clinique ?

Comment vous expliquer ce que ce « nouveau » rejet a provoqué chez mon enfant. Le soir même elle se droguait. Le lendemain, elle m’appelait, en crise, elle hurlait, elle se cognait dans les murs. Lorsque j’ai enfin pu la calmer, je lui ai fait admettre qu’elle devait immédiatement voir le Docteur Broutin.

Vu l’urgence, et pour obtenir si vite un rendez-vous chez notre médecin, c’est Jean-Luc qui prit les choses en main. Il réussit à avoir téléphoniquement le Docteur Broutin, lui-même. Notre docteur était OK pour la recevoir au plus vite. Jean-Luc allât la chercher à Sallaumines pour l’emmener à Hénin chez notre Docteur qui n’eut aucune hésitation et demanda un placement d’office car Céline était en danger.
Par contre il envoya Jean-Luc vers Charlon à Hénin Beaumont, là où son « aura » de médecin ne serait pas remise en doute. Mais Charlon n’accepta pas Céline car sectoriellement, habitant à Sallaumines, elle dépendait de LENS.

Jean-Luc se rendit immédiatement à l’hôpital de LENS en psychiatrie. L’infirmière psychiatrique eut un entretien avec Céline. Elle nota l’avis du médecin « troubles psychiatriques aggravés nécessitant une prise en charge spécialisée. Céline parla à l’infirmière Mme WOCIKI de ses multiples tentatives de suicide ( pendaison, médicaments…). A 19h25 l’infirmière me contacta. Je lui dis ma terreur de voir ma fille passer à l’acte et je lui donnais mon accord pour une hospitalisation d’urgence en psychiatrie. Je devais revenir le lendemain pour lui apporter ses affaires.
Céline fut transférée en PPN 4éme étage. Elle verbalisa une fois encore son envie de mourir depuis son exclusion de la clinique. Elle demanda au Médecin de garde de contacter le docteur Catteau pour un retour dans sa clinique. Céline s’est endormie vers 23h après la prise de 15 gouttes de tercian.

J’appelais le matin le pavillon Neyrac où était ma fille pour savoir dans quel service je devais ramener ses affaires. Il m’a été répondu que la psychiatre n’avait pas encore visité ma fille et que Céline insistait pour un retour à l’Escrebieux.
En conséquence j’ai appelé l’Escrebieux pour m’entendre dire que le Docteur C. ne serait pas là avant lundi. J’ai appelé alors mon conseiller juridique qui m’a répondu qu’il m’appartenait de signer une demande de tiers (HDT)
Il est bien noté dans le compte rendu de mon nouvel appel au Pavillon Neyrac étage 4 que je demande à signer une HDT et à voir le médecin.
Différents examens seront effectués dont une analyse d’urine qui démontre que Céline a repris de la drogue ; Cannabis 135ng/ml ‘seuil positif 50 ng mais plus grave il y a la présence de cocaïne 1.5ng.
Sur le compte rendu de visite de la psychiatre Mme le Docteur R. il est spécifié qu’elle ne signera pas de HDT car Céline est calme et ne présente aucune agressivité ici.

Ensuite il est noté à 13h : visite de la mère et de son concubin. Puis il est noté que je m’insurge, que je demande à voir le médecin responsable, que je refuse d’attendre au rez de chaussée, que je demande un écrit de ce médecin responsable me certifiant que ma fille ne courrait aucun risque en sortant de l’hôpital.

Ma version à moi est la suivante : je suis bien arrivée à 13h avec Jean-Luc. Dans le service, une personne m’a accueillie en me disant que je pouvais reprendre ma fille. Il a été répondu à ma demande pour voir le médecin responsable que ce n’était pas nécessaire. Je me suis mise en colère et j’ai dit que je ne bougerai pas de là tant que je n’aurai pas vu le médecin responsable.

Céline est arrivée dans le couloir où j’attendais avec Jean-Luc. Je l’ai prise dans mes bras et je tentais de lui expliquer que je ne voulais pas qu’elle sorte, que c’était pour son bien. Bien sûr, Céline était en rage. Cela a fait sortir le Docteur R. qui m’a demandée d’aller m’expliquer avec ma fille dans une chambre disponible. Jean-Luc a carrément été foutu dehors. Il m’a dit qu’il m’attendrait à la cafétéria.

Pendant ce temps, j’essayais de calmer Céline et de lui expliquer ma position. Il fallait qu’elle me laisse le temps d’agir pour l’Escrebieux ou ailleurs, mais qu’elle ne pouvait rester sans soin pour l’instant. Bien sûr, Céline n’a pas accepté ma réponse, bien sûr elle s’est énervée. Il sera noté au registre : « relations très conflictuelles entre la mère et la fille ».. Bref, j’étais responsable de tout, c’était tellement insupportable que je me suis enfuie rejoindre Jean-Luc à la cafétéria.

Jean-Luc avait à peine eu le temps de me donner un calmant que j’étais rappelée au 4éme parce qu’il ne parvenait pas à calmer ma fille. J’ai tout de suite couru vers elle, elle est tombée dans mes bras, je l’ai cajolée, je l’ai calmée, je lui ai fait accepter de rester.
Au Docteur R, témoin de cette scène, je hurlais « vous oserez encore me dire que ma fille est calme et qu’elle peut rentrer chez elle ».

Le docteur accepta de la garder « pour une nuit ». Charge à moi de me débrouiller après ! C’est un peu facile non ? Vous appelez à l’aide et on vous répond de se débrouiller tout seul.

Après une nuit sans sommeil, en accord avec Jean-Luc, j’ai décidé d’obliger le Docteur R. à prendre ses responsabilités. Jean-Luc alla seul revoir le Docteur. Céline était déjà là, prête à partir. Jean-Luc annonça calmement au Docteur R. que je n’avais pas pu venir, que comme le Docteur lui avait dit la veille, il n’était rien pour Céline et qu’en conséquence il ne prendrait pas la responsabilité de la conduire chez elle car elle y était en danger.

Jean-Luc avait bien sûr apporté un sac et de l’argent à Céline qui l’insulta, Jean-Luc essaya de lui faire comprendre notre position mais en vain. Le Docteur R. eut beau jeu que de noter une fois encore l’attitude conflictuelle du beau père.
Ne se sentant toujours pas responsable de Céline, que croyez-vous que le Docteur R. a fait. Elle l’a foutu dehors à 15h 40 exactement sans formulaire de sortie, sans appel à une ambulance ou un VSL.

Céline appellera son amie Marie qui vint la chercher aussitôt. Quand Céline a vu Marie arriver, elle avait un sourire radieux. Comment Marie aurait-elle pu se douter de tout ce qui s’était passé ces derniers jours ?

Céline voulut retenir Marie un peu chez elle mais Marie ne pouvait pas rester. Céline m’appela. Je lui répondais en colère « alors, tu es sortie quand même ? » « Maman, je ne pouvais pas rester là bas, c’était impossible » « Je peux te comprendre ma fille mais tu es en danger, viens à la maison si tu veux, on vient te chercher »« non, non, je veux rester chez moi ; ça va aller, je te jure. J’ai bien compris que tu es inquiète mais je vais me débrouiller, je t’assure. Je t’aime, tu sais Maman » « Moi aussi je t’aime mon enfant, je te fais confiance, hein ? »« Oui, je te jure, je gère ! ». Sa voix était sereine, j’y ai cru ! Docteur Jeckyl et Mister Hyde dans la même personne. Qui devais-je croire ? Le docteur N. qui avait parlé de chantage au suicide ???

Toutes les portes venaient de se refermer, mes appels à l’aide n’avaient pas été entendus…Ma fille semblait vraiment être redevenue calme. Je me sentais écœurée par ce monde d’indifférence. Il fallait que je me ressaisisse, j’allais devenir folle !

31 août 2005 : Mon téléphone s’est mis à sonner. C’était Henri, le voisin du dessous à Sallaumines. « Pardon de vous déranger mais je voulais savoir si Céline est avec vous ? »« Non, pourquoi Henri ? » « C’est étrange, je n’entends plus de bruit au dessus… » Je me suis mise à trembler. Jean-Luc a aussitôt repris la communication. J’étais terrorisée et le ton de la voix de Jean-Luc m’accablait plus encore. Sans se tourner vers moi, Jean-Luc a aussitôt téléphoné à la police. Ils ne voulaient pas se déranger « vous vous inquiétez sans doute pour rien » « non, non, par pitié, c’est grave ! Pourriez-vous aller tout de suite à cette adresse ?

Heureusement que Jean-Luc connaissait les flics de Lens, ils acceptèrent de s’y rendre.
Je pris Jean-Luc par le bras en le secouant : « Tu ne penses quand même pas… ? » Je n’arrivais pas à finir ma phrase, Jean-Luc était blême. Alors j’ai hurlé : NON ! Puis je me suis effondrée… C’est en courant que nous avons quitté l’hôtel. De la voiture qui roulait, je rappelais Henri. « La police est là ! » On ne le laissa pas finir sa phrase, quelqu’un avait pris son appareil. « Il faut que vous veniez au plus vite au commissariat de Lens » « Oui, nous sommes en route, mais dites moi comment va ma fille ? » Je pleurais, je hurlais, je n’en sus pas davantage…

Une femme, brigadière de police vint au devant de nous. Je n’avais cessé de pleurer durant tout le parcours et là encore je ne pouvais refreiner mes larmes « Où est Céline ? » « Suivez mois dans mon bureau ».

Elle nous fit assoir puis nous relata les faits ; ils avaient dû forcer la porte. Céline s’était pendue. Sa mort devait sûrement remonter à la veille dans l’après-midi. Elle me parla d’un foulard rouge, sans me le montrer ; c’est peut-être le bien le mien disais-je entre deux sanglots. 

Quelques questions, puis : « Voulez vous voir Céline ? » Je fus prise de tremblements compulsifs, j’allais devoir constater sa mort, elle si pleine de vie pendant nos années-bonheurs… Je ne pouvais pas, je n’en avais pas la force. Je voulais garder l’image de vie de Céline.

Nous sommes partis du Commissariat et sommes rentrés chez nous. La messagerie clignotait. C’était la voix de Céline : « J’ai appelé l’Escrebieux, Ils ne veulent pas me reprendre. Interviens je t’en supplie… »

J’ai hurlé de terreur « Ce n’est pas possible ! » « Céline, Céline » Je ne m’arrêtais pas d’appeler son nom. Jean-Luc me prit dans ses bras et me cajola comme une enfant : « Mais où est Céline ? » lui ai-je hurlé dans les oreilles. Il a caressé les cheveux en me parlant tout doucement « Céline nous a quitté, mon amour ».